Dans ce long (et vain) parcours vers la maternité, les états d'esprit se succèdent et changent littéralement. J'ai connu différentes périodes:
-Optimisme et espoir: au début des essais, ou lorsque j'ai découvert que j'étais quand même enceinte pour la seconde fois.
-Impatience et obsession: les longs mois entre mes deux FC, il fallait que je tombe enceinte, je ne pensais qu'à ça, c'était nécessaire.
-Colère et injustice; lors de mes deux fausses couches, ce sentiment de profonde injustice et d'acharnement de la vie contre nous.
-Renoncement: plusieurs fois, souvent même, l'envie de tout plaquer.
-Détachement, indifférence: en ce moment-même...
Depuis plusieurs mois je tiens le même discours, celui d'une femme qui se détache de ses essais peu à peu, une forme de renoncement non-assumé mais profond. Je me sens résignée. Je ne suis pas dupe, il ne s'agit là que d'une manière plus ou moins inconsciente de me préserver de cette douleur qui ne me lâche pas depuis deux ans. L'indifférence annihile la douleur, applique un bon cataplasme. Quand on n'y croit plus, on ne souffre plus, non?
Ainsi, au fil des cycles, j'ai de moins en moins compté, espéré, ni même pleuré à l'arrivée des règles. Je n'ai plus prêté la moindre attention aux soit-disant symptômes, d'ailleurs même mon SPM s'est calmé de lui-même... Ce cycle, je sens en moi que le détachement s'est accentué. Je ne me projette plus du tout, mes projets d'avenir n'incluent plus du tout d'hypothétique bébé. Après deux ans, je pense que ce changement d'état d'esprit est plus que compréhensible. On en parle plus facilement avec mon homme parce que, dans un sens, je me suis auto-anesthésiée. On parle de plus en plus de PMA voire d'adoption, mais on n'entend plus le fameux "je sens que ce mois-ci c'est bon". Au fond, lui aussi a du redescendre sur terre. Fait nouveau de mon côté, ma baisse de fréquentation des forums. J'ai pourtant un groupe de copines auquel je tiens fort, mine de rien, pour autant, je prends des nouvelles mais c'est plus en pointillé. Je ne vais que très occasionnellement sur le forum, ne poste quasiment plus. Ce monde des "essayeuses" n'est plus vraiment le mien. Avouons que je suis hors course. Elles tomberont toutes enceintes que je serai en train d'essuyer mon 594ème cycle fichu. Dans ma tête, c'est fort semblable aux années stérilet. Pas de compte, pas d'espoir, le vide. Ce monde, cet espoir, cette attente, ce n'est plus moi. Moi je suis l'infertile qui a fini par lâcher.